Entre 1968 et 2017, le nombre de patients atteints d’allergies a explosé pour passer de 3.8% à 30%. Les causes sont multiples et si aucune action n’est prise rapidement, la situation peut vite devenir “critique” selon le Syndicat français des allergologues (SYFAL) qui a voulu faire entendre sa voix lors de la 11e journée française de l’allergie le 21 mars dernier. L’OMS de son côté estime que la moitié de la population mondiale souffrira d’allergie d’ici 2050.
La pollution : ennemi numéro 1
La pollution de l’air est considérée comme la principale cause d’explosion des allergies. Attention aux idées reçues, car le meilleur moyen de se protéger n’est pas de rester chez soi. “On a tendance à penser que l’air intérieur est moins pollué que l’air extérieur et qu’il faut donc privilégier le domicile, mais l’air intérieur est cinq à dix fois plus pollué” indique Christine Rolland, directrice de l’association Asthme & Allergies au site santemagasine.fr. En cause : les polluants domestiques (tabac, désodorisants, bougies parfumées) et les allergènes qui aggravent la maladie (acariens, poils d’animaux, moisissures, produits d’entretien).
Attention aux idées reçues, car le meilleur moyen de se protéger n’est pas de rester chez soi.
Deuxième idée reçue : il y a plus de personnes allergiques à la campagne qu’en milieu urbain. C’est faux, car la pollution atmosphérique plus présente en ville aggrave l’allergie aux pollens, ce qu’explique Christine Rolland au Parisien. D’où les propositions du SYFAL de diminuer les seuils d’alerte de 80 μg/m3 à 50 μg/m3 concernant la pollution aux particules fines.
Attention à la surprotection
Selon le docteur Sophie Silcret-Grieu, médecin allergologue à Paris, c’est en partie le manque de microbes durant l’enfance qui engendre une augmentation des allergies. L’hypothèse “hygiéniste” estime que dans les pays industrialisés, le système immunitaire est trop protégé des petits problèmes infectieux durant la petite enfance. Par manque de contact avec les microbes, il mettrait en place un mécanisme de défense contre les substances qui ne sont pas dangereuses.
C’est en partie le manque de microbes durant l’enfance qui engendre une augmentation des allergies.
Demande d’un affichage lisible des allergènes
Le SYFAL souhaite la mise en place d’un “plan Allergies”. L’idée du syndicat serait d’afficher clairement les substances allergènes sur les produits de grande consommation. Ce plan inclurait également la création d’un observatoire des allergies qui listerait les plantes et produits contenant des allergènes, le renforcement des crédits de recherche et l’ajout d’une rubrique dédiée dans le carnet de santé de chaque Français.
Manque de reconnaissance
Le SYFAL estime que les allergies restent “aujourd’hui sous-diagnostiquées en raison de la reconnaissance insuffisante dont elles font l’objet”. Pourtant, elles ont un coût important direct ou indirect : traitements, journées d’arrêt de travail, baisse de la productivité et de la qualité de vie.
Selon un récent sondage IFOP réalisé pour l’association Asthme & Allergies, 34% de Français interrogés se disent allergiques, près d’un français sur deux (47%) pense qu’une allergie n’est pas une vraie maladie et 39% estiment qu’il faut apprendre à vivre avec son allergie, car elle ne se soigne pas.